La grande histoire de Couriot
Fermé en 1973, Couriot n'est pas un puits de mine ordinaire.
Jusqu'à la nationalisation des mines en 1946, il était le principal puits de la société anonyme des Mines de la Loire, l'une des plus importantes compagnies françaises, et le plus grand puits du bassin charbonnier stéphanois.
Au plus fort de sa marche, le puits remontait de 700 mètres sous terre 900.000 tonnes de charbon par an, soit le quart de la production du bassin. Il employait alors 1.500 mineurs, et constituait alors une impressionnante ruche bourdonnante, qu'accompagnait à sa porte une grande centrale électrique aujourd'hui détruite.
L'ampleur du travail souterrain se lisait dans les années 40 et 50 à la vitesse à laquelle grimpaient les crassiers qui dominent aujourd'hui le site, plus de 15 m par an...
La naissance du puits
Le charbon est extrait à Saint-Étienne dès le XIIIe siècle. Avec le développement de son usage à partir des années 1820, de multiples puits apparaissent sur le bassin.
C'est la présence du chemin de fer qui entraîne le creusement des puits Chatelus en 1850 et 1870, à deux pas de la ville. A la fin du siècle, la compagnie doit chercher plus profond un charbon qui se fait rare. Son ingénieur conseil Henry Couriot propose d'atteindre au moyen d'un nouveau puits une nouvelle couche à plus de 700 m de profondeur. Les travaux sont entrepris à partir de 1909.
Interrompus par la guerre, l'aménagement s'achève en 1919, et le nouveau puits prend son nom. Couriot fait alors parti des puits les plus modernes d'Europe et peut traiter 300.000 tonnes de charbon par an.
Le grand développement des années 1920-1930
Les installations sont sans cesse modernisées. Les installations de lavage aujourd'hui disparues sont reconstruites.
Une batterie de fours à coke, une aciérie électrique et une centrale thermique sont installées par la compagnie à sa proximité. Une grande cité ouvrière, la cité de Chavassieux, est progressivement édifiée à deux kilomètres.
Les chantiers au fond sont également perfectionnés, ainsi que le roulage dans les galeries. En 1936, de nouveaux travaux permettent de porter la capacité du puits à 900.000 tonnes de charbon : la quasi totalité de l'exploitation de la compagnie se fait désormais par Couriot, devenu ce que l'on appelle un puits de concentration.
Les crassiers
L'intense exploitation du sous-sol laisse des vides que pendant longtemps les compagnies minières ont eu l'obligation de combler avec des remblais afin de limiter les désordres de surface.
A la fin des années 1930, une nouvelle technique d'exploitation permet d'abandonner le "remblayage". La compagnie minière décide alors d'entasser les schistes résultant du lavage du charbon dont elle n'a plus l'usage juste au-dessus de Couriot : le premier crassier prend forme à partir de 1938.
Dix ans plus tard, il dépasse les 150 mètres. Il est nécessaire d'en faire grandir un second.
Les deux silhouettes coniques qui dominent depuis les années 60 toute la ville symbolisent avec le chevalement l'héritage minier de la ville, et sont aujourd'hui appelés par les stéphanois les deux "mamelles" de Saint-Étienne.
De la fermeture au Parc-musée
L'immédiat après-guerre est marqué par la Bataille du charbon, la nationalisation des mines, puis par la grande grève des mineurs de 1948.
Le pétrole tend à remplacer le charbon dans les usages du quotidien, et le charbon français est très cher à extraire.
La fermeture progressive du bassin s'engage.
La production est regroupée dans la vallée de l'Ondaine, au puits Pigeot. L'extraction cesse à Couriot en 1965. Les lavoirs sont arrêtés. En 1973, le puits est définitivement fermé. L'exploitation souterraine cesse sur le bassin en 1983.
Le musée de la mine ouvre à Couriot en 1991. Il connaît aujourd'hui un nouveau développement avec sa transformation en parc-musée, à l'échelle cette fois-ci du site tout entier, classé au titre des monuments historiques avec ses crassiers en 2011.
Pour approfondir ses connaissances
Des documents pour en savoir plus sur l'univers de la mine et l'histoire de Couriot